La nouvelle vie.
Il y a tout juste deux mois, je me faisais dorer la pilule sur la plage paradisiaque et quasi-déserte de Khanom, dans la Province de Surat Thani, à 700 kilomètres au sud de Bangkok. En réalité, je suis restée plus d’un mois au même endroit, et j’y ai pris mes petites habitudes.
Yoga au lever du soleil, vélo jusqu’au marché à 6h le mercredi matin, bière Leo pour l’apéro, et évidemment, un jour sur deux, un bon Kao Pad Pak bien luisant, ce fameux riz sauté thaï absolument délicieux et plein de calories, comme la majorité des plats locaux. Cette cuisine est probablement ma préférée de toutes, et ce n’est pas une surprise qu’elle soit également la grande favorite d’un bon nombre de personnes. Bien grasse, sucrée, salée, pimentée, acide/aigre avec une belle dose d’amer. Elle satisfait bien des palais, et elle a conquis le mien il y a 7 ans, lors de ma première découverte du pays.
Le voyage commence parfois là où l’on s’arrête.
J’ai eu de la chance de rester aussi longtemps à Khanom. En réalité, je devais rentrer bien plus tôt, mais au vu de la situation, mon vol de retour passant par la Chine n’était plus une option envisageable. Je suis donc restée, longtemps. J’ai fait du volontariat là où je séjournais, et mon voyage, jusque-là si aventureux à ô combien d’égards, a dès lors, pris une toute autre saveur. L’expérience est bien différente lorsque l’on bourlingue de ville en ville avec son sac à dos, restant une semaine tout au plus, et lorsque l’on pose réellement ses valises pour un temps, nous permettant de nous connecter d’une autre manière avec les personnes qui nous entourent et se font fondements d’un quotidien éphémère.
Et c’est tout un pan de la culture qui s’est offert à moi pendant ce temps, alors que j’ai pu cuisiner avec les thaï et les observer à l’œuvre. C’est ainsi que j’ai compris que tout ou presque était frit, prêt en quelques minutes, et le tout préparé avec savant mélange de précision et de confiance instinctive. J’ai aussi compris que pour chaque portion, une petite quantité d’ingrédients seulement était utilisée. N’hésitez pas à couper de petits morceaux de légumes si vous cuisinez pour vous-même. Un quart de carotte, un quart de poivron, un demi oignon suffisent déjà, avec le riz, à vous faire une belle assiette qui vous laissera rassasié(e). D’ailleurs, petite parenthèse linguistique : la langue thaï est d’une logique implacable. Kao signifie riz, Pad veut dire frit, et Pak veut dire légumes. Riz frit, légumes donc, on ne peut pas faire plus simple (sauf pour ce qui est de la prononciation). Si vous prépariez le même disons avec de l’ananas frais, ce qui, entre nous, est absolument délicieux, alors vous nommeriez ce plat “Kao Pad Saparrot”, Saparrot (สัปปะรด) signifiant ananas. Vous me suivez ?
Pimp my rice.
En réalité, ne vous fiez pas trop à ma recette, car c’est typiquement le genre de plat qui vous permet d’embellir les restes de légumes du frigo. Pas la saison des tomates ? on zappe ! Plus d’oignon, mais un demi poireau ? Ça marche aussi ! Je trouve que l’utilisation de légumes frais fait cependant une différence, puisque vous cuisez votre riz sauté dans de l’huile et que l’eau rendue des légumes surgelés a tendance à créer des éclaboussures assez dangereuses. De plus, il est important de prendre le temps de bien couper vos légumes comme vous aimez les manger ! Les petits dés sont l’idéal car ils permettent à vos légumes de cuire vite et d’être de la bonne taille lorsque vous les mélangez à du riz qui a de petits grains. Ainsi, vous vous assurez une parfaite dégustation à chaque bouchée ! Si vous avez du riz cuit de la veille et un peu sec, c’est vraiment l’idéal pour ce genre de recette ! Votre riz sauté n’en sera que plus croustillant grâce au combo huile + sucre + haute température.
C’est toujours sympa de servir ce plat avec une herbe fraîche comme de la coriandre ou des cébettes hachées venant parsemer le plat encore fumant. Mon herbe favorite, si vous y avez accès, reste le basilic thaï, cousin du notre, avec une note anisée réellement envoûtante ! N’oubliez pas d’accompagner votre Kao Pad Pak de votre sauce pimentée préférée ou d’une bonne sauce aigre-douce et d’un filet de jus de citron vert, note acidulée indispensable dans tout bon plat venu du Royaume de Siam. traditionnellement, celui-ci est servi avec une sauce appelée prik nam pla (พริกน้ำปลา) qui signifie “sauce poisson et chili”. Nous laisserons donc de côté ce condiment non végé pour cette fois-ci
Khao Pad Pak (végan, sans gluten)
Pour cette recette prête en quelques minutes seulement, gardez votre feu au maximum de sa puissance et remuez le contenu de votre poêle régulièrement tout en surveillant pour de pas brûler votre riz.
Couvrez le fond d’une poêle un peu profonde d’huile et lorsque cette dernière est bien chaude, ajoutez-y vos oignons et le tofu fumé et laissez revenir quelques minutes
Lorsque les oignons sont translucides et le tofu légèrement caramélisé, ajoutez l’ail, le poivron et remuez-bien
Ajoutez ensuite le riz et mélangez bien à nouveau pour qu’il s’imprègne de l’huile et ajoutez les carottes, les tomates, la sauce soja, le sucre, mélangez bien et laissez caraméliser quelques instants
Finissez par ajouter les petits pois et le maïs en fin de cuisson, vos herbes fraîches coupées si vous le souhaitez ou même des feuilles d’épinard frais et faites revenir pendant encore quelques instants, puis servez immédiatement avec un quart de citron vert à presser directement sur votre riz sauté et encore plus d’herbes fraîches !
Notes
Vous pouvez également accompagner le plat de sauce épicée de type sriracha ou de sauce aigre-douce